1ère lecture : Sagesse 6/12-16

12 La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas.
Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment,
elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.

13 Elle devance leurs désirs
en se faisant connaître la première.

14 Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas :
il la trouvera assise à sa porte.

15 Penser à elle est la perfection du discernement,
et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci.

16 Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ;
 au détour des sentiers,
elle leur apparaît avec un visage souriant ;
dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre.

 

A propos de cette lecture :

L’évangile de ce jour (Mt 25,1-13) nous rapporte la parabole des 10 vierges qui vont à la rencontre de l’Epoux, illustre bien le sens de cette première lecture.

On pourrait « éclairer » le sens du passage de la Sagesse à partir du mot rencontre qui est un mouvement en deux temps : la mise en route, la quête, et la rencontre.

Cahier Évangile 100 écrit : «  deux mouvements se rejoignent : l’homme part en quête d’une direction pour sa vie. Il cherche la Sagesse et pense à elle nuit et jour…De son côté la Sagesse se montre la première, s’assied à la porte, recherche ceux qui sont dignes d’elle, apparaît, vient à la rencontre ». v16

Le Livre de la Sagesse qui, dans les manuscrits grecs porte le nom de « Sagesse de Salomon »,  est sans doute un des plus proches et des plus forte du Nouveau-Testament. La tradition l’attribue à Salomon, mais en fait sa proximité du Nouveau-Testament le fait dater vers les années 50 avant Jésus Christ. Il est un ensemble de réflexions provenant d’un Juif cultivé, il a été rédigé en grec à Alexandrie. Dans les Septante, il se situe entre Job et l’Ecclésiaste. L’auteur désire montrer l’importance de la Sagesse dans la destinée humaine : «  il en décrit l’origine, la nature, l’action et indique les moyens de l’acquérir, enfin la représente à l’œuvre dans l’histoire d’Israël » Osty, il s’agit  de la recherche incessante de Dieu par l’homme et de celle de l’homme par Dieu. Dans la suite du livre, la Sagesse fait place à Dieu, à son Esprit.

Quand fut écrit le livre ?  Nous sommes en Égypte, 50 années avant le Christ et les contacts de la communauté juive avec la culture grecque ambiante tente beaucoup de croyants de se rallier à cette culture et abandonner la foi de leurs ancêtres.

L’auteur s’adresse à des croyants découragés, méprisés afin de soutenir leur foi, il ne vise pas à faire un discours moralisateur mais fortifier la foi en faisant l’éloge de la Sagesse qui avait si bien profité à Salomon.. A ceux qui ont été fascinés par la culture païenne et les croyances grecques et tentés de relativiser la foi juive, il fait l’éloge de la Sagesse, ce trésor qui vient de Dieu et qu’il a confié tout particulièrement à son peuple, il leur révèle le trésor précieux qui fut celui  de Salomon et fit la grandeur de la nation.. C’est bien la Sagesse que Salomon avait demandé à Dieu  (1 R3, 9-13) : c’est dans un songe que Salomon  a demandé à Dieu la seule Sagesse pour la durée de son Règne.

La Sagesse est bien leur trésor unique.

Pour la leur faire goûter, le Sage leur rappelle qu’ils n’ont rien à envier aux païens et souligne que la sagesse de Dieu les précède toujours. « On trouve dans cette première partie de beaux passages sur le bonheur des justes après la mort, alors que les infidèles à la Loi de Moïse courent droit à leur perte ». Cothenet

 

« Dans une 2de partie, l’auteur s’adresse aux rois pour les inviter à la Sagesse qui assure la prospérité des États. En réalité, il s’agit d’un discours pour les sages de l’époque qui sont attirés par la pureté de la foi d’Israël en un seul Dieu et par la qualité de sa morale. Il s’agit donc de trouver un langage pour les « gens du seuil ». E.Cothenet

La Sagesse est personnifiée, elle est présentée comme le passant dans la rue que je peux rencontrer sans y être préparé. Pour l’homme de la Bible, la Sagesse ne consiste pas dans la connaissance d’une science ; il s’agit d’être en route, en recherche afin de devenir et d’être juste.

Ceux qui la cherchent sont des humbles qui se savent toujours en quête d’une connaissance plus profonde. Ce ne sont pas ceux qui croient tout savoir ou qui possèdent de la science à revendre. L’homme qui cherche pose des questions et demeure accueillant aux réponses que la vie lui donne, conscient d’avoir besoin des autres. A lui est donné de découvrir la sagesse. Il peut la rencontrer, il la trouvera assise à sa porte. La sagesse est plus qu’une  certaine science, elle est une certaine façon de vivre que l’on pourrait définir comme une vie qui est à l’écoute. Notre passage développe l’idée de la prévenance de la Sagesse divine. Elle précède les « croyants » parmi les « étrangers » à la foi d’Abraham et se laisse découvrir à ceux qui la cherchent en vérité.

Parviendrons-nous avec un peu de sagesse à renouveler dans notre monde sécularisé, le langage de la foi pour actualiser la Bonne Nouvelle qui nous a  été confiée en dépôt ?

Le chapitre 6 commence par une invitation adressée aux rois à rechercher la Sagesse : « Écoutez…instruisez-vous…prêtez l’oreille… vous qui dominez sur les multitudes, qui vous enorgueillissez de foules des nations » v 1-2

Y aurait-il une contradiction entre la Sagesse et ceux qui détiennent le pouvoir. Le b a ba de la Sagesse c’est de se rappeler que c’est Dieu qui est à l’origine, à  la source du pouvoir que vous détenez : «  c’est le Seigneur qui vous a donné la domination et le Très Haut le pouvoir. v3

Jésus dira à Pilate : « tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais pas reçu d’en haut »

Si la Sagesse semble loin, inatteignable, cependant nous dit l’auteur elle « se laisse facilement contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver ».

Alors comment acquérir la Sagesse ? Suffit-il de la désirer ? Elle semble ne pas se laisser accaparer. « L’auteur de Sagesse compare cette recherche à une vie studieuse vouée au labeur intellectuel : le juste lui consacre ses veilles ». E. Cothenet

Et cependant l’auteur nous dit qu’elle se laisse trouver : «  elle se fait connaître la première de ceux qui la cherchent » Ainsi la Sagesse de Dieu nous prévient, elle nous devance, vient à notre rencontre. Elle n’est pas une notion mais une personne : Dieu lui-même.

Les traits et l’éloge de la Sagesse sont «  repris par Paul et Jean et appliqués au Christ Verbe incarné et Sagesse de Dieu » Osty, Col 1,15 ; Héb 1,3 ; Jn 1,9

En Jésus devenant chair, la Sagesse de Dieu s’est fait proche des hommes. Si la Sagesse est une réalité divine elle devient en Christ rencontre de Dieu et de l’homme et désormais cette rencontre de Dieu et de  l’Epoux ou l’Epouse ?  est  rendue possible parce que don gratuit dans la personne de son Fils et de l’Esprit.

Pour résumer ce court passage : l’auteur nous invite à découvrir que l’initiative de la Sagesse vient de Dieu, elle est première : « elle se laisse trouver… » mais aussi la responsabilité de l’homme qui doit la demander, la chercher et l’accueillir.

En chrétiens, comment lire ce texte ? « S.Paul nous dit que dans le Christ résident tous les trésors de la sagesse et de la science (Col 2, 3). C’est donc vers Lui, tel que les Évangiles nous le révèlent, dans sa vie concrète comme dans ses paroles, qu’il faut nous tourner pour obtenir la Sagesse. Comment ne pas penser spécialement à la rencontre en Samarie, où Jésus prend l’initiative de demander de l’eau à une femme étrangère et où il éveille son désir vers l’eau jaillissant pour la vie éternelle, celle que lui seul peut donner ?

Relisons donc notre texte avec attention : Dame Sagesse va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d’elle, ou plutôt ceux qu’elle rend dignes d’elle par sa bienveillance. » E.Cothenet