1ère lecture : Malachie 1/14b-2/2b.8-10

Je suis un grand roi – dit le Seigneur de l’univers –,
et mon nom inspire la crainte parmi les nations.
1 Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement :
2
 Si vous n’écoutez pas,
si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom
– dit le Seigneur de l’univers –,
j’enverrai sur vous la malédiction,
je maudirai les bénédictions que vous prononcerez.
Oui, je les maudis,
car aucun de vous ne prend rien à cœur.
3    Voici : je vais menacer votre descendance.
Je vous jetterai du fumier à la figure,
le fumier qui provient de vos fêtes ;
on vous enlèvera avec lui,
4    Vous saurez alors que je vous ai adressé cet avertissement,
pour que subsiste mon alliance avec mon serviteur Lévi,
– dit le Seigneur de l’univers.
5    Mon alliance avec lui était vie et paix,
je les lui accordais, ainsi que la crainte,
et il me craignait.
Devant mon nom, il restait saisi.
6    La loi de vérité était dans sa bouche,
et nulle perfidie ne se trouvait sur ses lèvres.
Dans la paix et la droiture, il marchait avec moi ;
il en faisait revenir beaucoup de la perversion.
7    En effet, les lèvres du prêtre gardent la connaissance de la Loi,
et l’on recherche l’instruction de sa bouche,
car il est le messager du Seigneur de l’univers.
8    Mais vous vous êtes écartés de la route,
vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude,
vous avez détruit mon Alliance avec mon serviteur Lévi,
– dit le Seigneur de l’univers.
9  
À mon tour je vous ai méprisés,
abaissés devant tout le peuple,
puisque vous n’avez pas gardé mes chemins,
mais agi avec partialité,
dans l’application de la Loi.
10 Et nous, n’avons-nous pas tous un seul Père ?
N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ?
Pourquoi nous trahir les uns les autres,
profanant ainsi l’Alliance de nos pères ?

A propos de cette lecture :

La dernière section du rouleau des douze « petits prophètes » est placée sous le nom de Malachie dont le nom signifie « mon messager ». Beau nom pour un prophète ! Mais comme aucune autre précision n’est apportée à son sujet, ce pourrait n’être qu’un surnom donné par la tradition à un prophète anonyme. Cependant on connaît mieux la période où il a déployé son activité prophétique, cad vers 450 avant Jésus.

Le temps est reconstruit mais la ferveur laisse à désirer : «  la foi de beaucoup est atteinte et le scepticisme étend ses ravages : «  où est –il le Dieu du jugement ? (2,17), qu’avons-nous gagné à observer son observance ? (Osty)

Nous avons ici une sélection assez curieuse de versets de Malachie : le but est en effet de rapprocher Malachie de l’évangile.

Il faudrait lire Malachie en entier et ne pas se contenter de cette coupure que le lectionnaire en fait. Dieu n’est pas ce que notre lecture pourrait donner à penser : un Dieu qui prétendrait faire régner un terrorisme religieux sur les consciences.

Le livre commence par une belle entrée en matière. Le Seigneur fait une déclaration d’amour « 2Je vous ai aimés, dit le Seigneur, et vous dites : « En quoi nous as-tu aimés ? »

Ce n’est pas nouveau dans les textes du Premier Testament mais si le prophète relance le thème, c’est parce que ses auditeurs n’arrivent plus à y croire : c’est un problème de foi qui se pose à la communauté. Jérusalem vit dans le marasme.

Après cette déclaration d’amour de Dieu, le prophète passe de suite à la crainte. Quel est cet amour ? Honorer Dieu c’est « craindre son Nom ».

Le Père Renaud dans Assemblée du Seigneur écrit : «  l’attitude religieuse globale exprimant à la fois l’ébranlement de tout l’être devant la Révélation de la Sainteté , le respect devant la Transcendance, la conscience de sa petitesse devant la grandeur et enfin l’engagement total à l’égard de la volonté divine révélée »

C’est face à la légèreté des responsables religieux, les prêtres, les lévites que Malachie s’en prend. Leur comportement, c’est plus que de la légèreté : ils ont négligé la louange, « le cœur de leur ministère sacerdotal »

Manquer à la louange c’est la perversion de l’Alliance . En quoi y a-t-il perversion ?

La fonction des Lévites est bien selon Deutéronome  33,8-11 : « Car ils ont gardé ta parole et maintenu ton alliance, 10ils enseignent tes ordonnances à Jacob et ta Loi à Israël ; ils présentent l’encens à tes narines et l’holocauste sur ton autel. 11  Bénis, Seigneur, sa vaillance et accepte l’œuvre de ses mains, brise les reins de ses agresseurs : qu’ils ne se relèvent plus, ceux qui le haïssent ! »

Telle est la mission des Lévites : être fidèle à la Parole, la donner au peuple  afin de garder vive la relation et l’intimité avec Dieu.

Au lieu de tout cela ils ont fait le contraire ; leur refus de la Loi, leur attitude négligente a été la cause de scandale pour les fidèles : « occasion de chute pour la multitude ».

A force d’accommoder la loi ils ont provoqué le scandale. Au lieu de ramener le peuple du mal , de l’en écarter leur comportement , leur mauvais exemple les a affaibli et les y a précipité.

A cause de cela le Seigneur leur enverra la malédiction , maudira leur bénédiction, les abaissera devant tous les peuples.

Les prêtres se sont rendus coupables  et donc ce qui fait l’essence de leur sacerdoce , à cause de leur hypocrisie non seulement ne porteront pas de fruits mais des fruits contraires à la bénédiction : la malédiction qui reviendra sur eux puisqu’ils se sont écartés de la route.

« Cette malédiction atteint le prêtre au cours même de sa mission, de cela même pour quoi il est fait puisque sa fonction est de bénir » B.Renaud.

Ils ne pourront plus exercer leur ministère tant ils seront honteux et la risée du peuple.

Telle est la situation du clergé et les conséquences graves qu’elle entraine pour le peuple et les Nations qui les entourent.

Si dans les versets  que la liturgie de l’Église nous fait lire, le ton de la réprimande domine, c’est que Dieu en a « ras-le-bol » des prétendues fêtes organisées par les prêtres. Il l’explicite dans les versets qui ne sont pas lus et pourtant permettent de mieux comprendre l’ambiance laxiste : « Et vous dites : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » 7     – En présentant sur mon autel un aliment impur.

Mais vous dites : « En quoi t’avons-nous rendu impur ? »

– En affirmant : « La table du Seigneur est méprisable ! »

8   Et quand vous présentez au sacrifice une bête aveugle,

n’est-ce pas faire le mal ?

Et quand vous présentez une bête boiteuse ou malade,

n’est-ce pas faire le  mal ?

Offre-la donc à ton gouverneur !

Sera-t-il content de toi ? Te sera-t-il favorable ?

  • Le Seigneur de l’univers a parlé.

Le verset 10 termine sous un aspect plus positif : « n’avez-vous pas tous un seul Père ? »

Pour terminer Malachie s’adresse au peuple , lui aussi est visé, et nous peuple de Dieu n’avons-nous pas tous un seul Père ? ..pourquoi alors nous trahir les uns les autres ?

Le Seigneur apparaît ici comme  un Père navré qui ne se résigne pas à voir ses enfants se demander ce qu’il fait pour montrer son amour à ses enfants.

Si Dieu a donné des commandements c’est en vue d’une Alliance stable et vécue avec ferveur et non comme elle se vit actuellement, et cela en vue de la vie, la paix que Dieu donne à tous ceux qui en vivent et sont liés par celle-ci. Le prophète dénonce l’hypocrisie.

La réponse de Dieu ne comprend pas le moindre reproche, car il apprécie que les hommes lui posent des questions pour mieux le connaître. Il lance cependant un avertissement terrible aux prêtres. Il accumule les accusations en dénonçant l’hypocrisie du culte.

Les prêtres doivent être comme Lévi, à savoir : garder la connaissance qu’ils ont de Dieu et la transmettre aux autres.  Les prêtres doivent être des messagers de Dieu.

Parce qu’ils se sont écartés de leur tâche et de leur responsabilité, ils reçoivent la menace de punition telle que notre  lecture le traduit. Le nom de Dieu, sa présence parmi nous dépend d’hommes qui la transmettent et qui proclament la présence aimante d’un Père au milieu de nous.

Ce Père est déçu parce qu’il n’est pas reconnu par les hommes tel qu’il le désire. Nous avons tous un même Père et il nous aime. Même si nous trompons le Seigneur, lui ne se laisse pas tromper et il nous le rappelle.

Nous ne pourrons transmettre son nom de Père que si nous écoutons sincèrement tout ce qui est dit de lui depuis Moïse, les prophètes et par Celui qui a donné corps à la Parole enfouie dans le Premier Testament : Jésus, le prophète de Nazareth.