1ère lecture : Ézéchiel 18/25-28
25 Mais vous dites : « La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte ! » Écoutez, maison d’Israël : Est-ce ma façon d’agir qui n’est pas correcte ? Ce sont vos façons d’agir qui ne sont pas correctes.
26 Quand le juste se détourne de sa justice, commet l’injustice et en meurt, c’est bien à cause de l’injustice qu’il a commise qu’il meurt.
27 Quand le méchant se détourne de la méchanceté qu’il avait commise et qu’il accomplit droit et justice, il obtiendra la vie.
28 Il s’est rendu compte de toutes ses rébellions et s’en est détourné : certainement il vivra, il ne mourra pas.
A propos de cette lecture :
Ces versets font partie d’un des plus importants chapitres du livre d’Ézéchiel.
Ils sont rédigés sous forme de discussion répondant à un proverbe repris également par Jérémie 31/19 : « Nos pères ont mangé du raisin vert. C’est pour cela que les dents des enfants ont été agacées ». Dieu juge sur notre obéissance
Dans la bible le chapitre 18 d’Ézéchiel marque un tournant important de la conscience morale d’Israël : tout homme est personnellement responsable devant Dieu.
Nous nous trouvons face à une conception toute nouvelle qui s’oppose à la mentalité de ce temps qui était axée sur la responsabilité collective dans le bien ou le mal et la rétribution globale. On trouvait normal que les fautes des uns pouvaient avoir des conséquences et des répercussions sur les générations suivantes.
Le point de départ est le proverbe suivant : ce sont les pères qui ont mangé des raisins verts, ce sont les fils qui en ont les dents agacées ».
Ici le proverbe est mis dans la bouche du public d’Ézéchiel. Il faut bien constater que le peuple ne s’oppose pas à ce dicton. Il trouve normal de payer pour ses fautes. La responsabilité et le châtiment s’inscrivent dans les générations.
Le décalogue disait déjà : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car c’est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations–s’ils me haïssent » (Exode 20/5 et Deut. 5/9).
Sans doute sommes-nous ici dans la période de l’Exil, avant la chute de Jérusalem. Une partie de la population est menée en Exil, elle se sent punie en raison des péchés de ses pères. Pourquoi pas les autres ?
Ézéchiel s’oppose à cette façon de raisonner. Il ne veut plus entendre parler de ce dicton, pour lui, rien n’est fatal. La faute doit être payée, sauf s’il y a conversion. L’histoire du salut n’est pas prédéterminée. L’être humain peut se convertir ; dès lors le cours de l’histoire en est changé (v. 4-32). Le message prophétique refuse tout déterminisme. Il faut à tout prix convaincre l’être humain que la conversion est toujours possible.
Au nom de leur image de Dieu Ézéchiel et Jérémie affirment que chacun est responsable de ses actes bons ou mauvais.
Il commence par dire que Dieu ne désire pas la mort du pécheur mais bien plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive.
Dieu refuse, comme les hommes peuvent le faire si facilement, Dieu refuse d’enfermer l’homme dans son passé, mais sans cesse il lui ouvre une porte. Laquelle ?
Celle de la conversion.
Les prophètes constatent que l’homme n’est pas déterminé une fois pour toutes mais que le changement d’attitude est possible : le méchant peut se convertir. Le second enseignement de cette lecture d’Ézéchiel, c’est que la conversion est possible et au nom de Dieu, il fait un appel à la conversion qui libère.
L’homme n’est pas une fois pour toutes déterminé dans une voie, le chemin de la conversion ouvre un chemin de vie : « convertissez-vous et vous vivrez » ce qui veut dire : convertissez-vous pour vivre.
Pour le croyant, toute remise en question éclairée par une foi critique et agissante ne sera pas sans interpeller les idées reçues, sans proposer une autre lecture des événements, sans donner une impulsion nouvelle à ceux qui sont responsables d’encourager ou de prendre des initiatives nouvelles. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la conscientisation.