1ère lecture : Esaïe 22/19-23

La parole fut adressée à Shevna le gouverneur

19  Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place.

20  Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias.

21  Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda.

22  Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira.

23  Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père..

 

A propos de cette lecture :

Il faut reconnaître que la signification et le message de cette lecture, à moins d’une longue élucidation préliminaire, reste obscur à la seule audition et le rapport avec l’évangile n’apparaît pas de suite. Le choix de ce texte peut se justifier et nous préparer à l’écoute de l’évangile par l’ expression: «  je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David. »

Les prophètes ont souvent été mêlés aux événements politiques de leur pays comme envoyés du Seigneur.

Cette courte péricope concerne Shevna., haut fonctionnaire, dont on ne connais pas la descendance, qui se moquait de la prédication d’Isaïe et avait basé toute son pouvoir sur la force militaire.  Le début du texte qui suit  permet de mieux saisir :

 

15 Ainsi parle le Seigneur Yahvé Sabaot:   Va trouver cet intendant,   Shebna, le maître du palais:

16 « Que possèdes-tu ici, de qui te réclames-tu   pour t’y tailler un sépulcre? »

Il se taille un sépulcre surélevé,   il se creuse une chambre dans le roc. 17 Voici que Yahvé va te rejeter, homme!   t’empoigner avec poigne. 18 Il te roulera comme une boule,   une balle vers un vaste espace.   C’est là que tu mourras, avec tes chars splendides,   déshonneur de la maison de ton maître. 19 Je vais te chasser de ton poste,   je vais t’arracher de ta place. 20 Et le même jour, j’appellerai mon serviteur   Elyaqim fils d’Hilqiyyahu.

21 Je le revêtirai de ta tunique,   je le ceindrai de ton écharpe,   je lui remettrai tes pouvoirs,

il sera un père pour l’habitant de Jérusalem   et pour la maison de Juda.

22 Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule,   s’il ouvre, personne ne fermera,

s’il ferme, personne n’ouvrira. 23 Et je l’enfoncerai comme un clou en un lieu solide;   il deviendra un trône de gloire   pour la maison de son père. 24 On y suspendra toute la gloire de la maison paternelle, les descendants et les rejetons, et tous les objets de petite taille, depuis les coupes jusqu’aux jarres.

 

Ce Shevna était le mentor de la politique pro-égyptienne au temps d’Ézéquias. Il semble qu’il n’était pas Israélite. Le tombeau creusé en profondeur, à la mode égyptienne, était un moyen de s’approprier le terrain (Gn 23) et de perpétuer la position de sa famille. » Bible des peuples . Ce

Il est question de la destitution de Shevna sans en donner la raison. Le vrai motif est sans doute son arrogance, sa recherche de pouvoir, son style de vie mondain : il est  en train de se faire creuser un sépulcre dans les hauteurs d’un rocher, une demeure taillée dans le roc. Ce tombeau creusé dans la roc fait allusion et annonce celui qui sera réservé pour le Chrit.

Cette préoccupation semble, pour lui, plus importante que le palais et les habitants de la ville de Jérusalem pour lesquels il a reçu une mission de gouvernement. Le reproche du prophète vise son infidélité à sa vraie mission. Dès lors il ne peut  plus diriger la maison de David. Ce service et cette tâche messianique qu’il faut à tout prix mettre en place préoccupe le prophète. Le gouverneur est au service de ses sœurs et frères, il en garantit ainsi le progrès et l’avenir.Un autre sera choisi à sa place par le Seigneur à qui on donnera le « pouvoir des clés » pour que l’héritage de David soit protégé.

« Isaïe appuie son remplacement par un vrai Israélite, l’homme de confiance dont on a besoin pour veiller sur les entrées et sorties du palais.  » Bible des peuples .

 

.Eliakim semble être l’homme de la situation à  qui on peut faire confiance, le prophète le nomme « mon serviteur » c’est dire l’importance capitale qu’il a aux yeux du Seigneur et les relations qu’il entretient avec lui. Il appartient aux grandes familles du pays. II Rois 18/18 sous-entend que déjà en 702, il occupait la fonction que le Livre d’Isaïe lui attribue. C’est quelqu’un sur qui on peut compter, capable de porter son peuple : c’est en fonction de cette relation établie entre le Seigneur et lui que le Seigneur lui donnera les pouvoirs et le revêtira de ses insignes.

Le v 21  « Je le revêtirai de ta tunique,   je le ceindrai de ton écharpe,   je lui remettrai tes pouvoirs, » il s’agit des insignes du maître du palais, du pouvoir qui lui est conféré., avec la mission d’être « un père pour les habitants d’Israël ».  La tunique et l’écharpe  évoquent la cérémonie d’investiture d’ Aaron et ses fils en Lev 8.

 

« Il sera un père.. » contrairement à Shevna tout préoccupé de ses intérêts, le nouvel élu sera un vrai roi, un berger pour son peuple. Tel est le sens de la mission qui lui est confiée par Dieu  et les pouvoirs qu’il lui confère  pour cette tâche il les exercera en serviteur et comme un  père pour Jérusalem et la maison de Juda. Sa construction ne se fera pas dans le rocher mais toute sa sollicitude ira vers tout le peuple qu’il servira en père.

Le « pouvoir des clés » fait écho à  Gen. 45. Chaque matin le vizir se présentait devant le Pharaon, s’entretenait avec le trésorier et faisait ouvrir ensuite les portes du palais. Ainsi débutait officiellement la journée. La vie au palais était sous l’autorité du vizir d’Égypte et rythmée par l’ouverture et la fermeture des portes. La clé symbolise un pouvoir très étendu.

 

« La clé de la maison de David » : avec  le v 21 nous sommes au centre du texte: une image pastorale connue de l’Orient et que nous retrouvons en Jn 10,1-6 1 « En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui passe par-dessus le mur du parc à brebis au lieu d’entrer par la porte, c’est un voleur et un bandit.  2 Celui qui entre par la porte, c’est le berger des brebis.  3 Le portier lui ouvre et les brebis reconnaissent sa voix ; il appelle ses brebis chacune par son nom, et il les fait sortir.  4 Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.  5 Si c’est un autre, elles ne vont pas le suivre ; bien mieux, elles s’enfuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix de l’étranger. » 6 Jésus leur donna cette comparaison, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire. »

 

La clé de la maison de David c’est à dire de la famille royale, signe du pouvoir que Dieu lui donne et qu’il tient pour absolu. Il devient le vrai portier, le berger institué par Dieu.

Le v.23 :  « je le rendrai stable comme un piquet qu’on enfonce dans  un sol ferme » : ne fait  qu’exprimer la stabilité de la fonction d’Eliaqim donnée par le Seigneur et qui assure la sécurité et la propre stabilité du peuple au sein d’une humanité tourmentée. Force, fermeté, sont les attributs des chefs comme  l’annonce Zacharie 10/4 : « De Juda sortira la pierre de l’angle, le piquet de la tente, l’arc de la guerre; de lui sortiront tous les chefs ».

Que retenir de ce texte en ce dimanche ? Pierre est déclaré bienheureux d’avoir proclamé sa foi en Jésus, » le Messie le fils du Dieu vivant ». Il reçoit la mission de mettre sa foi au service de l’Église et de fortifier celle de ses frères. Le Christ l’assure qu’il ne sera pas seul, Sa force sera celle de Dieu et les puissances de la mort et du mal ne seront pas plus fortes.