Jérémie 23,1-6 (18)
1ère lecture : Jérémie 23/1-6
1 Malheur ! Des pasteurs qui laissent dépérir à l’abandon le troupeau de mon pâturage, oracle du SEIGNEUR!
2 Eh bien ! ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d’Israël, au sujet des pasteurs qui font paître mon peuple : C’est vous qui avez laissé à l’abandon mon troupeau, l’avez dispersé ; vous ne vous en êtes pas occupés. Or moi, je vais m’occuper de vous en punissant vos agissements pervers, oracle du SEIGNEUR.
3 Moi, je rassemble ceux qui restent de mon troupeau, de tous les pays où je les ai dispersés, et je les ramène dans leurs enclos où ils proliféreront abondamment.
4 J’établirai sur eux des pasteurs qui les feront paître ; ils n’auront plus peur, ils ne seront plus accablés, plus aucun d’eux ne manquera à l’appel, oracle du SEIGNEUR.
5 Des jours viennent, oracle du SEIGNEUR, où je susciterai pour David un rejeton légitime : Un roi règne avec compétence, il défend le droit et la justice dans le pays.
6 En son temps, Juda est sauvée, Israël habite en sécurité. Voici le nom dont on le nomme : «Le SEIGNEUR, c’est lui notre justice. »
A propos de cette lecture :
Les bons pasteurs du peuple de Dieu…« Malheur, les pasteurs qui laissent dépérir ».
Dans la bible, la figure symbolique du pasteur-chef est importante en souvenir de la vie pastorale du premier patriarche, ancêtre de la foi –Abraham… Mais c’est surtout en raison des antécédents pastoraux, tant de Moïse que de David le prototype des rois, qu’elle a pris une telle importance.
La tradition biblique, enracinée dans cette culture pastorale, se souvient que l’ancêtre de la foi, Abraham, «était un araméen vagabond » Deut. 26,5. Comme les princes de l’Ancien Orient, les rois d’Israël portaient le titre d’honneur de « pasteur « . C’était à contrecœur que Dieu avait permis au peuple d’avoir un roi.
Lui seul pouvait sauvegarder la liberté d’Israël en la respectant. » Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations leur commandent en maîtres et les grands leur font sentir leur pouvoir « . Marc 10,42.
Jérémie a connu un vrai berger, le roi David. Le roi tient la place de Dieu, il a pour mission de conduire le peuple que Dieu lui a confié. En ce sens, il n’est roi qu’en fonction et en raison de son peuple et du pouvoir que Dieu lui a remis ; Jésus est le berger qui accomplit l’oracle de Jérémie : il est le roi berger de la lignée de David.
L’exil et les déplacements successifs n’ont certes pas favorisés la tâche et le suivi des bergers du peuple de Dieu.
C’est par la force que certains ont régné et pensé faire régner l’unité dans le peuple et c’est par cette même force que le peuple a été dispersé. Le pouvoir ne s’est pas soucié du bien-être de ceux qu’il domine : le peuple vit dans la crainte des maîtres qui se font appeler bienfaiteurs.
Jérémie n’est pas tendre pour ces bergers qui sont de mauvais pasteurs, incapables de guider, d’animer le peuple, de le défendre contre toutes les embûches de la route. C’est une véritable diatribe que Jérémie adresse aux gouvernants de son peuple, de mauvais bergers qui conduisent à la ruine et Jérusalem à sa chute.
Le Seigneur parle : » Parole du Seigneur » : c’est par le prophète que le Seigneur parle, il s’engage. Sa Parole est créatrice : il dit et il fait. Dieu promet que ces potentats seront jugés et remplacés par un vrai berger issu de la maison de David et qui, à juste titre, portera le nom : » Le Seigneur, c’est lui notre justice « . C’est Lui qui va prendre en charge son peuple.
Quand les chefs d’Israël sont infidèles à leurs responsabilités essentielles, le Seigneur lui-même reprend en mains la conduite de son troupeau en le confiant à un « pasteur selon son cœur ». Jér.3,15 ; 23,4. Les misérables bergers que dénonce Jérémie, ce sont les conseillers du roi Joachim, prêtre de lignée de Sadoq, puis de Sédécias dont le nom signifie : « c’est Dieu notre justice. » Les bergers ont-ils délaissé le troupeau, le peuple de Dieu ? C’est le constat que fait le prophète. Ce sont les dirigeants du peuple qui sont responsables des malheurs du peuple en captivité.
Nous trouvons des textes semblables en Isaïe 56,10 et Ezéchiel 34, 2-10., en note.
Précisions :
V1 : « Oracle du Seigneur » : « Parole du Seigneur » : expression qui insiste sur l’importance de la Parole de Dieu. Le prophète Jérémie devient l’homme de la Parole.
V2 : Il s’adresse aux rois qui ne se sont pas occupés mais c’est Dieu lui-même qui va s’en occuper. Puisqu’il en est ainsi Dieu lui-même va s’en charger : » je vais rassembler moi-même « . On retrouve chez Isaïe le même souci de Dieu. Dieu lui-même prend en charge son peuple.
Aux pauvres et aux opprimés il va redonner une espérance vivante : » je vais m ‘occuper de vous », justement à cause de l’abandon, de la démission des bergers. Ainsi Dieu va à l’encontre de nos agissements, c’est pourquoi il nous invite nous aussi à la conversion, à aller à l’envers de nos agissements habituels, aller dans le sens où Dieu va, où Dieu agit.
C’est l’œuvre de création, de recréation qui continue. Recréation car les hommes ont abandonné, démissionné, voir détruit l’œuvre de Dieu et ne l’ont pas continuée.
V5 : Que fait Dieu ? » Voici des jours où je susciterai pour David un rejeton légitime : Un roi règne avec compétence, il défend le droit et la justice dans le pays. »
Il rassemble, il ramène dans les pâturages, il donne des pasteurs et par dessus tout il rend le troupeau fécond. La fécondité s’inscrit dans la ligne de la création à laquelle Dieu associe l’homme et le rend responsable.
C’est en vue de cette fécondité que Dieu leur donne des pasteurs. Le mot » germe » est à retenir: il désigne le Messie attendu, Isaïe parlait de « rejeton de la souche de Jessé »:11:1 « Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. ». Il sera un vrai berger qui procurera à son troupeau des pâturages paisibles comme le Seigneur désire en donner à son peuple.
Le descendant de David n’est autre que le Christ , qui « apparaît comme le vrai berger qui vient se substituer aux pasteurs déficients et réalise la promesse du bon pasteur. Il est la porte par laquelle les pasteurs entreront derrière lui et qui paîtront le troupeau à sa suite.
Quelques notes à propos du prophète :
Les anciennes prophéties sont des prophéties de malheur : la prophète dénonce les égarements et menace.
Le peuple étant suivant le roi ne réagit plus surtout lorsque la royauté ne remplis plus sa mission. Alors le prophète rappelle sa mission.
Alors « comment remédier au désastre qui se profile inexorablement à l’horizon ? Dieu seul peut intervenir ; il va d’ailleurs le faire . Son action sera semblable à celle du bon berger qui rassemble les brebis, les mères aux bon pâturages et les met en sécurité …Le descendant de David…n’est autre, pour les chrétiens, que Jésus-Christ. Lui seul apparaît comme le vrai berger qui vient se substituer aux pasteurs déficients » Monloubou Évangile de Marc
Note :
Isaïe 56,10 « Ses guetteurs sont tous des aveugles, ils ne savent rien; ce sont tous des chiens muets, incapables d’aboyer. Ils rêvent, restent couchés, aiment dormir. » Ezéchiel s’exprime dans des termes semblables
Ezech 34, 2-10 : 2 « Fils d’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël, prophétise. Tu leur diras : Pasteurs, ainsi parle le Seigneur Yahvé. Malheur aux pasteurs d’Israël qui se paissent eux-mêmes. Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau ?
3 Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n’avez pas fait paître le troupeau.
4 Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté.
5 Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage; elles se sont dispersées.
6 Mon troupeau erre sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s’en occupe et nul ne se met à sa recherche.
7 Eh bien ! pasteurs, écoutez la parole de Yahvé.
8 Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, je le jure : parce que mon troupeau est mis au pillage et devient la proie de toutes les bêtes sauvages, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne s’occupent pas de mon troupeau, parce que mes pasteurs se paissent eux-mêmes sans paître mon troupeau,
9 eh bien! pasteurs, écoutez la parole de Yahvé.
10 Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici, je me déclare contre les pasteurs. Je leur reprendrai mon troupeau et désormais, je les empêcherai de paître mon troupeau. Ainsi les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie. »