Genèse 3,9-15 .20
9 Yahvé Dieu appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? »
10 Il répondit : « J’ai entendu tes pas dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu ; c’est pourquoi je me suis caché. »
11 Il dit : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Aurais-tu mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? »
12 L’homme dit : « La femme que tu as mise avec moi m’a donné du fruit de l’arbre et j’ai mangé. »
13 Yahvé Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée et j’ai mangé. »
14 Alors Yahvé Dieu dit au serpent : « Puisque tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux des champs et toutes les bêtes sauvages. Tu ramperas sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie.
15 Je mettrai la discorde entre toi et la femme, entre ta race et sa race, elle te blessera à la tête, et toi tu la blesseras au talon. »
20 L’homme donna alors à sa femme le nom d’Ève (c’est-à-dire la Vivante) parce qu’elle fut la mère de tous les vivants.
La condition humaine
La lecture du livre de la Genèse est extraite du récit de la Chute originelle. Le caractère « originel » ne désigne pas seulement un moment ponctuel dans l’histoire, mais un caractère fondamental et général, touchant tout le genre humain. Ce que ce récit veut expliquer, c’est l’état pénible de la condition humaine (« à la sueur de ton front, tu mangeras ton pain » au v. 17) au lieu d’une vie de Paradis terrestre. Cette pénible situation est présentée comme la conséquence d’une désobéissance, on peut dire d’une révolte, non pas ponctuelle, mais fondamentale, de l’homme contre Dieu. L’objet ou l’occasion de cette rébellion n’est pas non plus futile (le “fruit” dont il est question n’est pas une pomme ou une poire au sens matériel !).
L’orgueil de l’homme
L’interdiction formulée (« je t’avais interdit de manger du fruit de l’arbre ») ne relève pas non plus du petit caprice d’un dieu soucieux de préserver son autorité. Ce qui est stigmatisé ici, c’est l’orgueil de l’homme, de l’humain qui ne supporte pas que quelque chose échappe à son pouvoir, d’un pouvoir que l’humain veut s’arroger. Ce faisant, il dévoile sa fondamentale pulsion d’orgueil ; elle est mise à nu. L’homme en conçoit quand même un certain sentiment de culpabilité, mais, bien sûr, il veut aussitôt se défaire de cette culpabilité, sentiment bien dérangeant, sur lequel il n’arrive pas à avoir prise et qui risque de l’empêcher de profiter pleinement du pouvoir conquis. Il re-jette donc la responsabilité sur « l’autre » (la femme est ici prise comme symbole de ce qui est à la fois le plus proche et le plus différent au niveau de l’espèce humaine) qui veut, à son tour, s’en débarrasser sur encore un autre (cette fois, de l’espèce animale la plus “terre à terre” qui soit !). Mais ce petit jeu de rejet en cascade de la responsabilité n’est qu’une tromperie qui ne résout rien. Les résultats sont là : toutes les relations sont perturbées. Le serpent est atteint dans son mode de vie et dans sa relation avec l’humain. Pareille-ment (dans la suite du récit), la femme est atteinte dans sa fonction de reproduction et dans sa relation à l’homme. L’homme est atteint dans sa fonction de subsistance et dans sa vie même. Autrement dit, la perturbation de la relation entre l’homme et Dieu en-traîne la perturbation dans toutes les autres relations. « Où es-tu ? » de-mande Dieu à l’homme après la faute. Où en sommes-nous, pourrions-nous paraphraser, dans notre relation à Dieu ? En sommes-nous toujours à le considérer comme un intrus ?
Adam a cassé l’unité , il est tombé dans la désunion et ne peut plus se tenir en présence de son créateur. Il a transgressé la limite , il a voulu être comme dieu, sans limite …être dans la puissance. Et voilà qu’il reconnaît sa limite, la déteste, la fuit en fuyant devant Dieu, en se cachant à ses yeux. Il ne peut plus se tenir devant Dieu : il se cache et pour cela il fuit.
Illusion que vouloir se cacher devant Dieu ! L’homme en se détachant de Dieu est lui-même en fuite. Il est tombé et comme si ça ne suffisait pas il est en fuite, il se fuit lui-même…Cette façon de se cacher c’est la conscience
En étant désuni avec Dieu, l’homme est désuni en lui-même.
Nous connaissons bien ces situations : nous voulons parfois nous fuir nous même pensant être à l’abri de nous –même et de Dieu…et là aussi Dieu nous rejoint malgré notre honte…Voulant nous justifier .
Adam où es-tu ? Dieu appelle Adam à sortir de sa conscience pour se tenir devant Dieu. L’homme ne peut rester seul dans son péché : Dieu l’y rejoint, il lui parle et l’arrête dans sa fuite. Ce que Dieu dit à Adam : sors de ta cachette, sors de tes reproches, arrête de te tourmenter toi même, sors de tes vains regrets, ne te perds pas en pieux désespoirs, sois toi même.
Et Dieu va aider Adam à être lui-même ! Il vient à sa rencontre pour le sauver. Ce qu’Adam fuit, et nous aussi, c’est la situation de l’homme après sa chute, la connaissance de sa faute. C’est la réponse d’Adam : je suis nu, c’est pourquoi je me cache » : il cherche à s’excuser au moyen d’un argument qui l’accuse, il cherche à continuer à fuir. Il pense qu’il ne peut plus tenir devant Dieu. Mais il se sait déjà rattrapé . C’est la folie de l’homme de fuir devant Dieu alors que c’est justement parce qu’il est pécheur qu’il doit se tenir devant Dieu. Il reconnaît son péché mais en le reconnaissant il prend de nouveau la fuite : pour s’excuser il accuse la femme que Dieu lui a donné. C’est toi qui m’a donné cette femme, ce n’est pas ma faute.
C’est ton œuvre , que tu as faite imparfaite qui m’a fait chuter.
Au lieu de se rendre il reprend le truc du serpent qui fausse l’image de Dieu et le prend pour un autre Dieu .La femme elle aussi va fuir : elle attire l’attention sur le serpent et celui qui a créé le serpent.
Adam n’a pas reconnu, il ne s’est pas rendu : il s’est réclamé de sa conscience et accuse le créateur. Il n’a pas reconnu la grâce du créateur qui se manifeste dans le fait qu’il l’appelle et ne le laisse pas fuir. Adam voit dans cette recherche la haine de Dieu et va essayer de lui échapper.
2e Bonne nouvelle :
On peut tirer une conclusion : le mal n’est pas dans l’homme. Voilà une affirmation capitale de la bible. : le mal est extérieur à l’homme. Il ne vient pas de Dieu. Et si l’humanité s’engage sur des fausses pistes c’est qu’elle a été trompée, séduite.
Dieu dénonce l’auteur du mal : Dieu dit au serpent : « parce que tu as fait cela su seras maudit parmi tous les animaux », « cad qui revient à lui dire que le mal est maudit par Dieu.*
La colère de Dieu dans la bible est toujours contre ce qui détruit l’homme. Cela veut dire que le mal est complètement étranger à Dieu et ne fait plus partie de la nature de l’homme » Ils avaient raison de se vouloir comme des dieux, puisque d’une certaine manière ils sont créés à sa ressemblance et que Dieu a mis en eux son souffle. « mais ils se sont laissés prendre à la tentation d’assouvir leur désir par eux-mêmes » exister par eux-mêmes en dehors de Dieu.
Dieu voulait leur éviter cette connaissance du malheur en dehors de Lui…
Une troisième bonne nouvelle : « je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta descendance, sa descendance te meurtrira la tête et toi tu lui meurtriras le talon ».
C’est un combat qui est annoncé : la femme sera touchée au talon et le serpent à la tête. Le mal n’aura pas le dernier mot : la tête du mal sera frappée à mort.
Marie avec Jésus s’est engagée dans ce combat dont apparemment ils semblent sortis vaincus. Marie…à la croix , touchée par la souffrance et la mort de son Fils semblerait vaincue, mais écrasant la tête du Mal , puisque la mort du Christ s’épanouira en résurrection : le mal sera définitivement vaincu. C’est l’annonce de la victoire de la
Le péché d’Adam n’est donc pas un autre péché, plus ancien que nos révoltes et qui s’ajouterait, sans que nous le voulions, à nos propres fautes, c’est une autre manière de regarder le péché dans notre race. Voici ce que l’auteur a compris en regardant cette histoire : nos péchés ne sont pas les péchés d’individus isolés. Chacun de nous, dès sa naissance et dès avant sa naissance a baigné dans un monde de violence et d’ignorance de Dieu (Ps 51.7) : ses proches, sa culture, ses premières expériences lui ont enseigné le péché. “Adam” est fait de toutes ces solidarités.
D’après Feu Nouveau et André Wénin.