2ième lecture : Le jour est proche.
Romains 13:11-14a
13, 10 La charité est donc la Loi dans sa plénitude.
11 D’autant que vous savez en quel temps nous sommes : voici l’heure de sortir de votre sommeil ; aujourd’hui, en effet, le salut est plus près de nous qu’au moment où nous avons cru.
12 La nuit est avancée, le jour est tout proche. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière.
13 Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans coucheries ni débauches, sans querelles ni jalousies.
14 Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ
A propos de cette lecture :
En ce début d’Avent St Bernard rappelait à ses moines : « il est venu pour nous : grandeur inouïe de Dieu qui nous cherche, grandeur aussi de l’être humain cherché ».
L’Avent c’est le temps du long désir de Dieu, temps privilégié de l’Ecoute de la Parole, de l’Esprit qui nous est donné afin de passer des ténèbres à la lumière, le temps de la plénitude de Dieu cad d’aimer en vérité. L’amour est la plénitude de la Loi.
Après avoir insisté dans les chapitres précédents sur la foi qui sauve, l’espérance qui ne trompe pas et la gratuité de l’amour, Paul brosse un tableau du salut en Jésus qui sauve les païens et les juifs. « A partir de là [il] esquisse les grandes lignes d’un comportement chrétien authentique ». « La charité est la loi dans sa plénitude. » Rm 13,10
Si la charité est la loi dans sa plénitude elle ne tolère aucun délai : elle est l’urgence première pour les chrétiens : « c’est le moment, l’heure est venue » .
Alors Paul introduit l’idée de « temps ». Il sait que le retour du Christ, que l’on attendait, ne surviendra qu’au terme d’une longue histoire. Pour lui, c’est le « temps dans lequel nous sommes » qui importe, c’est celui de la vigilance attentive aux signes des temps. Temps de vigilance afin de discerner les signes qui témoignent que le salut et le Royaume sont plus proches maintenant qu’au moment où les premiers témoins ont connu le Christ et sa Bonne Nouvelle. C’est dans le temps présent, celui qui nous rapproche du salut, que se réalise le salut. Le salut est donc considéré comme un terme vers lequel nous marchons depuis que nous avons adhéré dans la foi à Jésus-Christ. Le temps du salut qui est le nôtre, est sans cesse en train de se réaliser. C’est pourquoi Paul insiste tant sur le terme « temps » qui est un « présent tout proche » : c’est en lui que le salut se réalise. Un salut tout entier tourné vers l’avenir. D’où « une invitation à vivre déjà en fonction de la lumière, à entrer dans le jeu du temps et à épouser sa marche vers la clarté.
« C’est pourtant moins le sentiment de l’imminence eschatologique qui le motive que l’urgence de la conversion » Ainsi le salut définitif, qui n’est pas encore donné, est-il déjà agissant en nous par l’espérance qu’il suscite et la vigilance qu’il provoque, d’autant que nous ne sommes dépourvus de toute ressource spirituelles pour nous y préparer ». Laffont Ass. du Seigneur.
Il arrive que nous nous assoupissions et qu’il faille faire appel à la « conversion » et ainsi chaque moment de la vie chrétienne est un passage du sommeil au réveil.(v11)
Le terme est bien la manifestation glorieuse du Christ et le temps est l’illumination progressive qui nous fait vivre en fonction de la lumière. C’est à une vie tout autre que nous, les baptisés, sommes appelés. Il faut sortir d’activités incompatibles avec le salut ; et l’urgence est d’autant plus grande que nous n’avons jamais été aussi proches du salut.
v. 12-13a : « Vivre dans la lumière » , c’est pourquoi Paul insiste sur l’urgence de se réveiller. Il s’agit de ne pas s’habituer à la gratuité du don de Dieu. Pour lui, l’urgence vient en raison même de la crise que connaît l’Eglise de Rome où sévissent des querelles de prestige et des disputes entre chrétiens issus du judaïsme et chrétiens convertis du paganisme. Urgence aussi pour nous en raison de la tendresse de Dieu qui sans cesse vient à nous, dans chacun de nos aujourd’hui, là où advient sans cesse depuis Jésus une réalité décisive et définitive. L’approche de la manifestation du Seigneur et le jour du jugement confère à la vie selon la charité un caractère urgent. Etre en état d’urgence ne serait-ce pas de passer, sur nos chemins d’Eglise, des ténèbres à la lumière, d’une vie somnolente faite de bonnes habitudes tranquilles à une vie « sur la brèche », plus engagée, aux frontières ? Il est urgent de nous arracher au climat de morosité et de déprime qui est dans l’air du temps. Pour Paul « le pire des vices nocturnes n’est pas l’orgie mais la dispute et la jalousie ».
Que sont ces armes de lumière ? (v12) « cela signifie des armes conformes au jour que nous attendons et qui va bientôt luire en plénitude…la vie du chrétien apparaît déjà comme une vie de ressuscité ». Lafont dans Ass du Seigneur.
Le chrétien a revêtu le Christ, l’habit symbolise la personne, exprime son identité, il est invité à vivre pleinement sous la mouvance de Celui qui est le maître de la communauté.
Revêtir le Seigneur Jésus Christ n’a rien à voir avec un habit quelconque mais définit la nouveauté et l’identité nouvelle que nous avons reçue au baptême : nous sommes devenus fils de Dieu, frère du Christ, enfants de lumière, il nous reste à vivre pleinement selon sa loi d’amour. C’est cela revêtir le Christ, non seulement ses sentiments mais aussi son agir qui est reflet de l’amour trinitaire.
Le caractère d’urgence de cette croissance dans le Christ vient justement de ce que nous sommes dans le temps de la grâce, « c.a.d. un temps défini par l’initiative gratuite de Dieu, de qui est venue la justification et de qui viendra le salut. Aussi importe-t-il d’être trouvé , au jour du salut de Dieu, en état de veille et revêtu de Jésus-Christ »
Et Paul précise ce qui ne se fait pas : « Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière ». D’abord, ce choix a tout d’un combat : nos choix évangéliques iront certainement à contre-courant des valeurs et options d’une majorité de personnes. Choisir la solidarité, nous entraînera dans un véritable combat intérieur… Ne pas faire comme tout le monde, ne pas tout se permettre, autant de combats contre nous-mêmes et contre les habitudes faciles.
Il s’agit d’être prêt à entrer dans le combat de l’amour où il nous faut rejeter les œuvres des ténèbres qui déshumanisent. Paul fait allusion à l’homme qui s’éveille à l’aurore, se lève et enlève les vêtements de nuit pour mettre des vêtements propres, prêt à commencer une journée nouvelle. (Rappelons que ce texte est à la base de la conversion de saint Augustin. Il entendit un enfant chanter « Prend et lis ». Il ouvrit la Bible et tomba sur ces versets pauliniens).
Entrons-nous dans une nouvelle année liturgique pour nous sécuriser ou pour nous mobiliser ? Aujourd’hui dans l’Eglise, il faudrait davantage de prophètes, d’éveilleurs et de réveilleurs des consciences et des cœurs. L’Eglise, notre mère se trouve en bas de l’escalier et crie à ses enfants encore endormis : « c’est l’heure, vous allez être en retard ». Ne craignons pas trop et ne résistons pas trop mais quittons notre sommeil. Reprenons avec une nouvelle ardeur notre tâche d’hommes et de femmes, notre responsabilité de croyants pour que la tendresse, aujourd’hui, retrouve ses droits : « nous avons revêtu le Seigneur ».