St Joseph des Champs 13 août 2017 19ème Dimanche du T.O. -A- 1 Rois 19, 9-13 Romains 9 ,1-5 Matthieu 14, 22-33 Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous invite à regarder des gens qui marchent dans un monde hostile Le 1er Livre des Rois, nous présente le prophète Élie, au 9ème s. avant J.C. Il habite Jérusalem et nous le retrouvons bien loin de là, au mont Horeb, (l’autre nom du mont Sinaï), la montagne où Dieu a fait alliance avec son peuple. La randonnée d’Élie a commencé par une fuite en urgence. Que s’est-il passé ? Achab, roi de Jérusalem, a épousé une païenne, Jézabel.
Fidèle à ses origines, elle a réussi à convaincre son époux d’officialiser le culte de son dieu, Baal, (le dieu de l’orage), et à éliminer les prophètes du Dieu unique. Il n’en reste plus qu’un, Élie, qui n’accepte pas cette situation. Il a une bonne idée pour sauver son Dieu ! Il provoque les 450 prophètes au service de la reine. Qu’ils dressent un autel ! Qu’ils choisissent un taureau et qu’ils prient leur dieu de foudroyer la victime ! Les prophètes de Baal relèvent le défi mais rien ne se passe malgré les encouragements ironiques d’Élie ! A son tour, Élie construit son autel et dispose son taureau. A sa prière, Dieu intervient : sur-le-champ, la victime est calcinée. Ébahi, le peuple constate que le dieu d’Élie est plus fort que le dieu de Jézabel. Encouragé par ce succès et pour ne pas faire le travail à moitié, Élie finit sa journée en faisant égorger les prophètes de Baal. Voilà de la pastorale efficace ! Le terrain est nettoyé. Dieu doit être content ! … Du moins, Élie le pense ! Si le peuple est retourné, la reine Jézabel est humiliée et furieuse. Elle se promet d’avoir la peau du prophète dans les plus brefs délais. Pourchassé par la police, Élie perd le contrôle de la situation et doit s’enfuir au plus vite. On le trouve affalé au pied d’un arbre dans le désert. Déprimé, il attend la mort.
A quoi bon continuer à se battre ! Réconforté par un ange, il reprend des forces et il reprend la route. C’est le texte d’aujourd’hui. Sa fuite devant Jézabel devient un pèlerinage vers la source de sa foi, le Mont Horeb, la montagne de l’Alliance. Nous y retrouvons Élie dans une caverne. C’est l’heure de vérité. S’il attend que Dieu lui manifeste sa reconnaissance et lui fasse une démonstration de sa force, il va être déçu. L’ouragan, le tremblement de terre et le feu sont vides de Dieu. Il n’est pas présent dans la violence. Élie avait (et nous avons tous) une image de Dieu dans la tête et le cœur, celle d’un Dieu qui s’impose par la force. Élie découvre que la force de Dieu se manifeste dans « le murmure d’une brise légère », dans la douceur. La guerre sainte, même conduite par des chrétiens, ne fait pas le travail de Dieu.
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Dans l’évangile aussi, on marche ! Quand il apprend l’assassinat de Jean-Baptiste par le roi Hérode, Jésus, au bord du lac de Tibériade, juge prudent de s’éloigner. Il s’embarque pour un endroit désert. Mais les foules le rejoignent à pied et sont là à l’attendre quand il débarque. Le soir venu, les disciples trouvent convenable de renvoyer les gens chez eux mais Jésus prend le temps de multiplier les pains pour qu’ils puissent s’en aller sans tomber de défaillance. Et voilà le texte d’aujourd’hui. Jésus oblige les disciples à reprendre la barque tandis qu’il renvoie la foule pour se donner un temps de prière. Pendant ce temps-là, sur le lac, les disciples sont en difficulté : la mer est déchaînée. Jésus les rejoint…en marchant sur les eaux ! Que comprendre dans ce récit ? Observer notre langage courant peut aider. Quand nous nous trouvons dans une situation sans issue, nous disons que nous ne savons pas où nous mettons les pieds ; nous marchons à l’aveuglette, dans le brouillard. Quand nous disons que nous marchons sur des œufs, nous faisons comprendre que nous avançons sur la pointe des pieds pour limiter les dégâts. Dans la culture de l’époque, le fond de la mer est le refuge de toutes les puissances nuisibles. Quand elles s’énervent, cela fait des vagues à la surface. Obligé de fuir la colère d’Hérode, Jésus ne perd pas le contrôle de la situation. Les disciples s’épuisent à lutter contre la tempête qui va durer toute la nuit. Au matin, ils ont du mal à reconnaitre Jésus qui les a rejoints calmement dans des conditions impossibles. Pris pour un fantôme, il doit se faire reconnaître. Pierre lui lance un défi prudent : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Pourquoi pas ! Mais dès que Pierre est saisi par le doute, il s’enfonce, et Jésus le rattrape à temps.
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Il nous arrive, à la suite du prophète Élie, de devoir admettre que nous sommes incapables de gérer seuls les événements qu’inconsciemment nous avons provoqués et comme les disciples de Jésus, affolés dans leur barque, il nous arrive, aussi professionnels que nous soyons, de devoir admettre que nous sommes dépassés par telle ou telle situation. Que Dieu nous aide donc à transformer nos déroutes en pèlerinage ! Qu’il nous aide à y découvrir la présence de Jésus qui nous remet d’aplomb quand nous sombrons. Revenus à la source de notre foi nous dirons comme les disciples revenus sur la terre ferme : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu. » * Dans sa lettre, Paul rappelle aux Romains qu’en Jésus, ils ont tout ce dont ils ont be-soin pour vivre leur foi dans un monde hostile.
D. Boëton