1 Rois 3, 5, 7-12                                                     Romains 8, 28-30                                                Matthieu 13, 44-52

 

Dès qu’un responsable de haut niveau arrive en fin de carrière, les candidats à la suc-cession s’organisent dans les coulisses : que faire pour éliminer les concurrents ? Le cœur de l’homme ne changeant point et donc la soif du pouvoir étant de tous les temps, Dieu est bien obligé de se faufiler dans les manipulations des uns et des autres pour arriver à ses fins.

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Allons donc à Jérusalem vers 975 av. J.C. Le roi David est devenu très vieux. Parmi ses nombreux enfants, nés de plusieurs épouses, tel ou tel se verrait bien prendre la succession. Adonias est de ceux-là. Pour ne pas être pris de court, il prend, sans attendre le décès de son père, les contacts utiles parmi les notables pour, le moment venu, s’emparer du pouvoir. Certains participent au projet et d’autres refusent.

 

Le prophète Nathan est dans l’opposition. Il veut partager ce qu’il sait du projet d’A-donias avec Bethsabée, une des épouses de David, et lui rappeler qu’il lui avait pro-mis que son fils, Salomon, lui succéderait.

Tandis que Bethsabée informe le roi, le prophète Nathan entre dans la salle d’audience et annonce tout simplement qu’Adonias n’a pas attendu le décès de son père et vient d’offrir un sacrifie tandis que la foule crie : « Vive le roi Adonias ! »

 

David réagit. Dans la plus grande précipitation, il fait donner l’onction royale à Salomon… Et la foule crie « Vive le roi Salomon ! » Les partisans d’Adonias jugent alors prudent de se faire discrets. Ils ont bien raison. Tout fraîchement assis sur le trône de son père, Salomon s’emploie sans tarder à liquider ses opposants.

Il faut quand même observer le rituel. Salomon se rend au sanctuaire de Gabaon pour y offrir un sacrifice qui restera dans les mémoires : mille animaux égorgés pour la gloire de Dieu ! Dieu doit être content et le peuple peut retrouver son banal quotidien.

 

Dans la nuit qui suit, Salomon a un songe. C’est le texte d’aujourd’hui. Dieu est près de lui et se présente comme un fidèle sujet ou, peut-être même, comme un courtisan zélé : « Demande ce que je dois te donner. »

On n’imagine pas que Dieu soit disposé à accorder n’importe quoi au tout jeune roi. Comme pour le forcer à mettre de l’ordre dans ses projets, Dieu l’invite à chercher au tréfonds de son cœur ce dont il a essentiellement besoin pour assumer sa responsabilité. En employant le vocabulaire de l’évangile, Dieu aurait pu demander à Salomon : « Dis-moi le trésor que tu cherches. »

 

Il ne cherche ni la gloire, ni une longue vie en bonne santé. Il peut même dire qu’il n’a pas cherché à devenir roi. Dans le fouillis des querelles qui ont animé la ville de Jérusalem, il sait qu’il doit sa couronne à la volonté de Dieu : « Seigneur, mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi. » Et il se trouve bien jeune.

 

Sa réponse à Dieu sonne juste : « Dieu donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela comment gouverner ton peuple qui est si important ? »

 

Sans doute, nous n’envisageons pas de devenir roi de ceci ou de cela, mais quel que soit notre statut social, nous avons un espace de liberté à gérer, des responsabilités à assumer, des choix à faire qui auront des conséquences sur la vie de notre entourage. Nous avons aussi à nous conformer à des obligations que nous ne maîtrisons pas. Que pourrions-nous répondre à Jésus s’il nous posait la même question qu’à Salomon ?

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Toute vie est habitée par des désirs plus ou moins confus. Une chose qui n’intéresse pas celui-ci, sera perçue comme un trésor par celui-là. L’évangile de Matthieu, nous parle de quelque chose découvert par hasard, ou à la suite d’une longue recherche bien ciblée. Le désir permet de reconnaître dans la chose qui se présente une futilité ou un trésor.

 

Le désir évolue avec le temps qui passe. Le regard du jeune enfant est scotché sur le pot de confiture. Avec l’âge qui vient, où bien il cherche à profiter des plaisirs de la vie ou bien il triture dans son esprit un projet à long terme. Devenu chercheur, il répond à un appel.

 

Ce qui est commun dans tous les cas de figures, c’est que la recherche du trésor de-vient une priorité absolue. Toute la vie s’organise autour du projet, à ce point, dit Matthieu, que le chercheur vend tout ce qu’il a pour acquérir ce qu’il vient de découvrir par hasard ou à la suite d’une longue recherche.

 

Il est quand même mieux de ne pas se tromper d’objectif. Il y a des choses que la société présente comme des trésors inestimables et qui ne sont que des bulles de savon (paraître jeune !). Et l’on passe de découvertes en déceptions. Quel trésor cherchons-nous ?

 

La société nous pousse à vouloir réussir dans la vie, à vouloir être remarqué. Qui ose-rait dire que le charpentier de Nazareth qui finit sur une croix, a réussi dans la vie ?

L’évangile nous invite plutôt à réussir notre vie, à accepter d’être travaillé par l’Esprit de Jésus pour arriver à devenir ce que Dieu le Père attend de nous.

Alors, pourrions-nous lui demander de devenir un témoin fidèle, un serviteur heureux ? Et tant pis pour les petits rubans qui ne seront pas cousus au revers du veston.

 

Le trésor à découvrir ne serait-il pas le chemin qui nous positionne à la suite de Jésus.

St Paul écrit ceci aux Romains : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien puisqu’ils sont appelés par le dessein de son amour. »

D. Boëton