1 Samuel 3, 3-10. 19     1 Corinthiens 6,13-15. 17-20       Jean 1, 35 –42

Pour échanger entre eux, les hommes n’ont qu’un outil à leur disposition, leur corps. Il faut en convenir : notre corps est bavard. Il n’arrête pas de dire. Notre maintien est posé, agressif  ou nonchalant ; notre marche, alerte ou claudicante ; notre parole apaisée ou violente, notre regard tendre ou sévère ; notre poignée de main appuyée ou furtive en regardant ailleurs. Par le corps, passe le vrai de ce que nous sommes.

Paul écrit ceci aux Corinthiens : « Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint. »  Un sanctuaire toujours en chantier. Le jour où l’Esprit de Dieu habitera le corps de tout homme l’harmonie aura envahi le monde.

Dans la parole de Dieu aujourd’hui, on n’en est pas là. On voit les uns et les autres  parler, écouter, se lever, se coucher, aller, venir et demeurer. A la source de toutes ces réactions, il y a des appels.

 

Les appels ! Il y a ceux qu’on lance et ceux qu’on reçoit. L’appel commence avec le cri du bébé qui a faim ou qui a mal.  Et voici l’appel des parents à l’enfant qui n’a pas l’air d’entendre : « Viens vite ! Allons ! Dépêche-toi ! »

Il y a quelques bonnes dizaines d’années, j’ai posé une question à un enfant de 9 ans : “Est-ce que tu aimes quand on t’appelle ?” Prudemment, il a répondu :“ça dépend !” J’ai enchaîné : « Imagine qu’à partir de maintenant, jamais, personne, nulle part ne t’appelle. Qu’est-ce qui va se passer dans ta vie ? » Il a réfléchi longuement, et il a dit : “Ben ! C’est comme si j’étais mort !” Réponse étonnante de la part d’un jeune garçon. De fait, si notre nom n’est  jamais dit, nulle part, par personne, cela veut dire que personne n’a besoin de nous ; c’est comme si nous n’existions pas.

Des appels ont la forme d’une convocation et d’autres, l’allure d’une invitation. Il y a ceux qu’on attend, ceux qu’on ne veut pas entendre et ceux qu’on a du mal à identifier. Le gamin Samuel en a fait l’expérience.

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Dans le premier livre de Samuel, les Hébreux sont arrivés sur leur Terre Promise. Evidemment, en ce temps-là, le temple à Jérusalem n’existe pas, mais  il y a à Silo un lieu de culte (« La Tente de la Rencontre »). Les Hébreux s’y rassemblent autour de l’Arche qui les a accompagnés depuis leur sortie d’Egypte. Ce lieu est sous la responsabilité d’un vieux prêtre, Eli.

Dans les environs, une femme, Anne, est dans la détresse. Stérile, elle a obtenu enfin de Dieu un enfant, Samuel. En reconnaissance, elle le met au service du lieu  saint et donc, sous la responsabilité du vieux prêtre.

 

Une nuit, par trois fois, Samuel s’entend appelé. Naturellement, il se rend près d’Eli qui finit par comprendre que c’est Dieu qui appelle Samuel. Il ne veut pas faire écran entre l’appelant et l’appelé. Finalement, il congédie Samuel avec une consigne : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » En face de Dieu, le jeune Samuel est invité  à se situer comme un serviteur.

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Quelques siècles plus tard, Jésus veut faire entrer l’humanité dans un monde nouveau Pour réaliser un tel programme, il n’agit pas en cachette comme un conspirateur et il ne se met pas en vedette. Marc nous le montre allant et venant au vu et au su de tout le monde. Personne ne s’intéresse à lui… sauf Jean le Baptiste. Quand il aperçoit Jésus, il arrête une discussion avec deux de ses disciples et leur dit en désignant Jésus: « Voici l’Agneau de Dieu ». L’Agneau ! Un mot chargé d’histoire ! La fête annuelle de la Pâque renvoie à la libération des Hébreux, esclaves en Egypte. Cet homme préenté comme l’Agneau de Dieu par Jean le Baptiste serait-il le libérateur attendu de-puis si longtemps ? « Voici l’Agneau de Dieu », voilà une information qui est reçue comme une invitation. Les deux disciples suivent Jésus à distance respectueuse.

 

Dans cette marche derrière Jésus, on peut noter l’importance du temps qui, semble-t-il, est vide. Pourtant, c’est dans cette marche hasardée que se décide un avenir : faut-il continuer de suivre un inconnu ou rentrer à la maison ? Les deux disciples pour-suivent et, finalement, Jésus se retourne. Il peut se sentir importuné par ces hommes qui lui collent à la semelle : « Que cherchez-vous ? » Question ouverte à toutes sortes de réponses ! On peut comprendre : « Que voulez-vous faire de votre vie ? » Pris au dépourvu, ils répondent par une question : « Où demeures-tu ? » – « Venez et vous verrez. » On ne saura rien de ce qu’ils ont vu sauf que ça valait la peine de rester avec Jésus. Ils n’ont pas perdu leur temps.

Dans ces deux récits, on peut noter la patience de Dieu, et aussi  sa méthode. Pour intervenir dans notre monde, il a besoin de celui-ci pour appeler celui-là.

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 – Centrer notre attention sur Eli et Jean Baptiste permet de mettre en valeur les seconds rôles. Rendons grâce pour les personnes qui ont partagé quelque chose de notre vie. Sans s’en rendre compte, en colorant d’une façon particulière notre foi, certaines nous ont éveillés au type de service que nous devons rendre.

 

– On peut aussi demander à Dieu

*de percevoir les appels qu’il nous lance, à tout âge,  d’une façon ou d’une autre.

*de savoir dire aux personnes que nous rencontrons ce qu’elles ont besoin d’entendre

*et encore de savoir nous taire quand c’est mieux.

 

– Si la question du baptême se pose dans une famille qui accueille un bébé, il faut choisir un parrain ou une marraine. Qu’est-ce qui guide le choix ? Ce peut être la relation familiale ou sociale sans oublier la capacité d’accompagner l’enfant, en connivence avec les parents, pour qu’il trouve la route qui le rendra heureux d’être utile.

 

Nous allons recevoir le Corps du Christ habité par l’Esprit. Laissons-le travailler notre vie. Quand le corps devient le sanctuaire de l’Esprit, il s’en passe des choses !